• S.O.S. HOMMES BATTUS <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>

    Ma vie est un enfer ! Pourtant, j’adore ma femme mais comment ai-je pu laisser la situation se dégrader comme ça ? Notre histoire avait si bien commencé un beau soir de juillet sur l’Esplanade à Montpellier… <o:p></o:p>

    Lorsque je l’ai aperçue pour la première fois, elle était sur l’un des stands de la Foire, en parade, avec un certain Rabastens qui criait « Avec qui voulez-vous lutter ? ». Un grand costaud juste devant moi s’est écrié « moi ! Et contre votre Lionne du Larzac » La Lionne du Larzac, c’était elle, ravissante dans son maillot étincelant qui contenait difficilement une masse musculaire débordante. Pour moi, ça a été le coup de foudre ! Et je suis entré pour assister au combat. Un ring était au centre de la tente et les adversaires se présentèrent face au public déchaîné qui excitait les combattants. Ce fut féroce ! Je craignais pour ma déesse lorsque soudain, elle porta à son adversaire une clé enchaînée sur un double Nelson qui mit fin au match. J’étais aux anges car j’avais tout vu de près. Et même, à la fin du combat, elle a ajouté à voix basse : « En arrivant, fais chauffer les haricots ! » Je n’ai pas compris le sens de cette remarque. <o:p></o:p>

    J’ai pu l’approcher et parler un peu avec elle un jour où elle balayait l’estrade. Je lui ai demandé, bien sûr, si elle était lutteuse professionnelle. « Pensez-vous, je fais ça pendant la Foire, j’ai pris quelques jours de congé. D’habitude, je suis livreuse chez le grossiste en boucherie M… » Pour moi, qui ne pèse que 63 kilos, pouvoir manier des demi-bœufs est impossible et cela a décuplé mon admiration pour elle. Un an plus tard, je l’épousais. <o:p></o:p>

    Comme elle travaillait dehors, je fais le ménage. Mais au début, « C’est pour qui, cet adorable petit tablier ? » « Oh ! Les jolis gants de cuisine pour que mon chéri ne se brûle pas en tournant le gigot » Aujourd’hui, c’est devenu « La bouffe n’est pas encore prête ? Mais qu’est-ce que tu fiches toute la journée ? » L’autre soir, elle cherchait son 115 bonnets F qu’elle avait acheté la veille et qu’elle ne trouvait plus. Eh bien, c’était de ma faute, c’est moi qui l’avais mal rangé. J’ai cru qu’elle allait me battre ! Depuis pas mal de temps, elle me menace : « Un de ces quatre, tu vas t’en morfler un que tu te prendras pour un oiseau ! » Un enfer, je vous dis. <o:p></o:p>

    Les copains, ceux qui me restent, me conseillent de la quitter. J’hésite. Elle est si gentille quand je lui porte le plat qu’elle a envie de manger, quand la maison étincelle tellement je l’ai nettoyée. Là, alors, elle est craquante : « je t’achèterai un aspirateur mon chéri » me promet-elle. Mais je continue au balai car la promesse est restée promesse. Et puis, il faut bien le dire, j’ai un peu peur d’aller lui dire « je te quitte » car je crains par-dessus tout le double Nelson qui m’attend. Je le reconnais, je ne fais pas le poids contre elle. Alors je souffre, mais en silence. Et je vais continuer à souffrir. <o:p></o:p>


    Auteur: Bernard Jacquemain <o:p></o:p>


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